Vie pratique & Loisirs
-
-
Dans quelques ouvrages parmi les meilleurs, Jules Michelet traite des sciences naturelles. C'est un sujet nouveau pour l'auteur de L'Histoire de France. Restant fidèle à la finesse de ses analyses et à son style précis, Michelet recherche " l'âme de son sujet ". Taine écrira que " l'auteur ne sort pas de sa carrière ; il l'élargit. Il avait plaidé pour les petits, pour les simples, pour le peuple. Il plaide pour les bêtes et les oiseaux. " C'est dans son meilleur âge, écrit Michelet, dans sa première et plus riche existence, dans ses songes de jeunesse, que parfois l'homme a la bonne fortune d'oublier qu'il est homme, serf de la pesanteur et lié à la terre. Le voilà qui s'envole, il plane, il domine le monde, il nage dans un trait du soleil, il jouit du bonheur immense d'embrasser d'un regard l'infinité des choses qu'hier il voyait une à une. Obscure énigme de détails, tout à coup lumineuse pour qui en perçoit l'unité ! Voir le monde sous soi, l'embrasser et l'aimer ! quel divin et sublime songe ! Ne m'éveillez pas, je vous prie, ne m'éveillez jamais ! Mais quoi ! voici le jour, le bruit et le travail ; le dur marteau de fer, la perçante cloche, de son timbre d'acier, me détrônent, me précipitent : mes ailes ont fondu. Terre lourde je retombe à la terre : froissé, courbé, je reprends la charrue.
-
La montagne
Jules Michelet, Antoine de Baecque
- Le Pommier
- Les Pionniers De L'ecologie
- 19 Août 2020
- 9782746519602
En 1868, Michelet publie La Montagne, dont l'écriture est influencée par son épouse, Athénaïs, femme sensible aux beautés de la nature et amie des animaux.
À la faveur d'un séjour alpestre, le grand historien romantique se livre à la contemplation d'un milieu a priori hostile, mais qui lui permet de penser la réconciliation entre l'homme et la création. Superbes descriptions du Mont-Blanc - « cet illustre solitaire » -, randonnées en Suisse et autour de ses lacs, détours par les Pyrénées et escapades jusqu'aux pôles ou encore à Java... Dans ces pages, les montagnes de glace des icebergs croisent les volcans.
Empruntant à l'essai scientifique, lorsqu'il s'intéresse aux périodes glaciaires, à l'effet de foehn ou encore à la botanique, ce livre est surtout un hymne à la grandeur de la nature, où la montagne, géante apparemment immuable, apparaît sous les traits d'un être vivant, traversé par mille et un bouleversements - nuages restant accrochés aux crêtes, fonte des neiges, torrents.
Avec Michelet, « la montagne est une initiation ».