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Sciences humaines & sociales
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Pourquoi à Rome ne parlait-on pas romain ? Ce livre est sans doute le premier à poser cette question, qui implique que les Romains ne s'identifiaient pas totalement avec cette langue que nous appelons le latin et que nous distinguons soigneusement - trop sans doute - du grec.
A Rome, selon le moment ou le lieu, selon le sexe, selon le statut social, selon l'image qu'on veut donner de soi, on écrit un poème en grec ou en latin, on parle philosophie en grec ou en latin, on s'insulte en grec ou en latin. Et plus souvent encore en mélangeant les deux. César selon Suétone serait mort dans les deux langues, s'adressant en latin à ses ennemis politiques, en grec à son fils. Les Romains n'étaient pas bilingues car le grec et le latin forment à Rome un seul langage, celui de la civilisation romaine dont ils servent deux imaginaires différents et inséparables.
Le grec exalte les plaisirs de la ville, des bains du banquet, tous les raffinements de la culture matérielle et intellectuelle ; le latin fait entendre la majesté du peuple et du sénat, le mos maiorum - l'identité d'avant -, et c'est en latin qu'on s'adresse aux dieux.
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Pendant longtemps, une tradition académique voulait que le théâtre de Sénèque n'ait été qu'un exercice littéraire, injouable sur scène. Florence Dupont, à travers une typologie des héros tragiques et des situations d'énonciation, dément cette croyance et montre que, dans ses pièces, Sénèque emploie principalement les moyens du spectacle - celui des corps de la musique et des mots - pour faire progresser l'action. Et en cela, elles remplissent complètement les fonctions de la tragédie romaine : mettre en scène, donner à voir, à entendre et à vivre la métamorphose d'un héros en monstre.