Filtrer
Support
Éditeurs
Langues
Belin
-
Pourquoi à Rome ne parlait-on pas romain ? Ce livre est sans doute le premier à poser cette question, qui implique que les Romains ne s'identifiaient pas totalement avec cette langue que nous appelons le latin et que nous distinguons soigneusement - trop sans doute - du grec.
A Rome, selon le moment ou le lieu, selon le sexe, selon le statut social, selon l'image qu'on veut donner de soi, on écrit un poème en grec ou en latin, on parle philosophie en grec ou en latin, on s'insulte en grec ou en latin. Et plus souvent encore en mélangeant les deux. César selon Suétone serait mort dans les deux langues, s'adressant en latin à ses ennemis politiques, en grec à son fils. Les Romains n'étaient pas bilingues car le grec et le latin forment à Rome un seul langage, celui de la civilisation romaine dont ils servent deux imaginaires différents et inséparables.
Le grec exalte les plaisirs de la ville, des bains du banquet, tous les raffinements de la culture matérielle et intellectuelle ; le latin fait entendre la majesté du peuple et du sénat, le mos maiorum - l'identité d'avant -, et c'est en latin qu'on s'adresse aux dieux.
-
Pendant longtemps, une tradition académique voulait que le théâtre de Sénèque n'ait été qu'un exercice littéraire, injouable sur scène. Florence Dupont, à travers une typologie des héros tragiques et des situations d'énonciation, dément cette croyance et montre que, dans ses pièces, Sénèque emploie principalement les moyens du spectacle - celui des corps de la musique et des mots - pour faire progresser l'action. Et en cela, elles remplissent complètement les fonctions de la tragédie romaine : mettre en scène, donner à voir, à entendre et à vivre la métamorphose d'un héros en monstre.
-
-
-
Medee de seneque - ou comment sortir de l'humanite
Florence Dupont
- Belin éducation
- 4 Octobre 2000
- 9782701128399
Médée est sans doute la tragédie la plus connue de Sénèque, et la plus méconnue.
On y voit souvent un drame de la passion féminine, une pièce psychologique, à tort. En effet, les crimes de Médée bien loin d'être la conséquence de son caractère d'épouse et de mère, sont au contraire une façon de rompre avec sa condition. En basculant du côté des monstres, elle annule le temps, redevient une petite fille, une princesse innocente et vierge dans le palais de son père. A l'instant où elle annule le temps humain et quitte sa condition humaine d'épouse répudiée, Médée trouve place parmi les figures de la mythologie, elle devient à jamais l'infanticide qui a brûlé Corinthe et s'est envolée dans le char du Soleil.
La tragédie romaine n'offre pas à l'humanité le miroir de ses passions, elle ne renvoie pas les spectateurs à eux-mêmes, mais les entraîne loin d'eux-mêmes; à la suite des personnages dont ils partagent les émotions surhumaines, ils sortent des limites imposées à l'humanité par le temps et sa finitude.