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La Republique Des Lettres
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"Mourir" raconte la lente agonie et la mort de Félix, un jeune phtisique qui n'a près de lui que sa maîtresse, Marie. Apprenant qu'il ne lui reste plus qu'un an à vivre, il tente d'abord de faire face stoïquement mais il jalouse de plus en plus la santé et la jeunesse de Marie. Il ne conçoit bientôt d'accepter sa mort que si Marie l'accompagne jusqu'au bout. Sincèrement désespérée, totalement bouleversée, elle jure de l'aimer «à en mourir». Mais au fur et à mesure qu'approche l'issue fatale, elle réalise qu'elle aime trop la vie pour se sacrifier à son compagnon. Elle l'aime et le soigne avec dévouement mais elle est déchirée par ce cruel et impossible choix entre l'amour et la mort. À travers ce court roman sans pathos, dépouillé de tout motif sentimental et de toute portée moralisante, au ton de sobre et lucide objectivité, Schnitzler nous montre l'évolution de la relation entre Marie et Félix, nous révèlant par là-même toute la profondeur de la faiblesse humaine devant la mort.
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« Elle l'attira vers elle, se pressa contre lui ; un désir douloureux monta du fond de l'âme de Béate et déborda sombrement dans celle d'Hugo. Et il sembla à tous deux que leur canot, qui pourtant était presque immobile, les poussait plus loin, toujours plus loin, avec une vitesse croissante. Où les menait-il? A travers quel rêve sans but? Vers quel monde sans loi? Pourraient-ils jamais accoster de nouveau à la terre? En auraient-ils jamais le droit? Ils étaient unis dans le même voyage; le ciel ne cachait plus pour eux, dans ses nuages, aucune aurore; et, dans l'avant-goût séducteur de la nuit éternelle, ils se donnèrent l'un à l'autre leurs lèvres périssables. Le canot continuait de glisser à la dérive, vers les bords infinis et il semblait à Béate qu'en cette heure-là elle baisait pour la première fois quelqu'un qu'elle n'avait jamais connu et qui avait été son mari. »
Arthur Schnitzler -
« Il était plus de minuit quand, après avoir brièvement pris congé de ses nouvelles connaissances, Casanova traversa seul la vaste place déserte sur laquelle pesait un ciel lumineux et sans étoiles. Guidé par une sorte d'instinct, comme un somnambule, et sans avoir bien conscience qu'il refaisait ce chemin pour la première fois depuis un quart de siècle, il se dirigea vers sa sordide auberge, par d'étroites ruelles, entre des murs sombres, et en franchissant des passerelles sous lesquelles des canaux noirâtres coulaient vers les eaux éternelles. Il dut frapper plusieurs fois pour se faire ouvrir la porte peu hospitalière. Quelques minutes après, dans sa chambre, une fatigue douloureuse engourdissait tous ses membres sans les détendre; il sentait un arrière-goût amer monter du plus profond de son être jusqu'à ses lèvres. Enfin, encore à moitié habillé, il se jeta sur son mauvais lit pour y chercher, après vingt-cinq années d'exil, le premier sommeil dans sa ville natale, ce sommeil si longtemps désiré, qui, profond et sans rêves, finit, vers le point du jour, par avoir pitié du vieil aventurier. »
Arthur Schnitzler -
Mademoiselle Else
Arthur Schnitzler, Clara katharina Pollaczek
- La Republique Des Lettres
- 15 Mai 2023
- 9782824914220
Else est une jeune fille de la bonne société viennoise. Pour sauver la famille de la ruine et du déshonneur, sa mère lui demande de solliciter un prêt auprès d'un riche marchand d'art qui est un vieil ami de la famille. Celui-ci accepte de prêter de l'argent mais en contrepartie Else doit se montrer nue devant lui. Contrainte, elle se résigne à cette humiliation, passant par tous les états d'âme et tentant même de se suicider après la terrible épreuve. Féru de psychanalyse et utilisant brillamment la technique narrative du monologue intérieur, Schnitzler nous fait vivre les nuances les plus subtiles du combat intérieur de la jeune fille, ses pensées, ses contradictions et ses aberrations. Par son atmosphère d'innocence et de volupté, "Mademoiselle Else" constitue aussi un document suggestif sur le climat spirituel et moral de la vie viennoise de l'après première guerre mondiale.